Le Taichi, ou Taiji 太极 selon la translittération officielle, est un art martial chinois dont la pratique couvre aussi bien des techniques méditatives et énergétiques (Qigong 气功) que des techniques martiales destinées à être efficaces en situation de combat, notamment en combat rapproché.
Comme beaucoup de pratiques anciennes, et de surcroît lorsque celles-ci ont tendance à associer business et ésotérisme, le taiji est une discipline dont il est difficile de situer un moment historique précis d’émergence et sa forme originelle exacte. C’est la raison pour laquelle il est toujours compliqué pour un novice de s’y retrouver lorsque tous les professeurs ou « maîtres » qu’il rencontre revendiquent l’appartenance à une lignée prestigieuse et l’accès à un enseignement pur. Les styles les plus connus et les plus pratiqués dans le monde sont les styles Chen 陈式 et Yang 杨式, dont les noms désignent d’abord leurs lignées familiales respectives puis, depuis que leur enseignement s’est mondialement répandu au cours du siècle dernier, des modes de pratiques bien distincts dans la continuité plus ou moins fidèle à leurs sources.
Une chose est sûre, tous s’accorderont sur certains principes philosophiques et même techniques qui caractérisent la pratique du taiji. Son symbole de prédilection étant celui du yin 阴et du yang 阳, il est évident que la recherche de l’équilibre en toutes circonstances, en associant subtilement l’alternance, la coexistence et même la collaboration des vides et des pleins, de la souplesse et de la rigidité, de la tension et du relâchement, avec la l’exigence d’une certaine efficacité martiale, constitue la prérogative commune à toutes les écoles de taiji, avec, bien entendu, des variations voire des divergences selon les préférences portées sur tel ou tel aspect de la pratique.
Toujours est-il que la pratique se scinde en deux thématiques complémentaires : l’apprentissage et la répétition des Taolu 套路(enchaînements codifiés) que l’on exécute le plus souvent seul, destinés à développer notre coordination, le langage martial du corps, la fluidité dans le mouvement, l’ancrage, la mémoire etc., puis le Tuishou 推手 ("mains collantes"), qui implique un travail à deux, pour développer nos capacités interactives avec un partenaire, notre sensibilité profonde à soi et à l’autre en situation de contact permanent sans devoir faire l’usage exclusif de sa force physique mais en essayant d’appliquer cette intelligence du corps lorsqu’il épouse l’action de l’autre sans la bloquer tout en préservant son intégrité, physique et émotionnelle. L’autre n’est plus compris ni ressenti seulement ou potentiellement comme un problème, même en tant qu’adversaire, mais de plus en plus comme une partie de la solution à intégrer à son action.
Ainsi, la véritable maitrise de soi n’est pas pensable ni possible sans prendre en compte la difficile maîtrise de l’interaction conflictuelle avec l’autre. La grande originalité du Taiji, qui se définit comme un art martial interne 内功, est qu’il privilégie dans son mode opératoire un usage économique du corps, par le relâchement grâce à une prise en compte ouverte et souple de l’environnement et de l’autre, et donc invite le pratiquant à s’inscrire dans la durée dans une logique de composition efficace plus que d’opposition stérile.